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à plaindre. Un seul bataillon étant de garde à la fois au poste avancé, le tour ne venait que tous les quatre jours pour chacun. Le reste du temps se passait fort agréablement ; le pays d’alentour foisonnait en gibier ; le bétail, les légumes, les fruits étaient en abondance ; le campement qui s’étendait sur un espace immense présentait les scènes les plus variées. Les soldats jouaient à des jeux de hasard, préparaient leurs armes, exerçaient leurs chevaux ; des prêtres accomplissaient des cérémonies religieuses ; des marchands ouvraient leurs boutiques autour desquelles se pressait la foule. Ça et là des groupes de jeunes femmes, accompagnées d’un musicien, représentaient des pantomimes ou des drames, chantaient d’anciennes légendes ; souvent aussi improvisaient de nouveaux récits dont les derniers événements formaient le sujet. Dans ceux-ci, les exploits du détachement anglais n’étaient point oubliés. Les noms des officiers, même des soldats européens, venaient alors se mêler de temps à autre et ceux des grands capitaines mahrattes, ou bien encore à ceux des héros fabuleux des grands poèmes épiques de l’Inde.

Le 24 février, la tranchée des Mahrattes arrivait à peu près jusqu’au pied des glacis. De là de fréquentes escarmouches entre les assiégeants et les Mysoréens. Dans une de ces escarmouches, un officier qui commandait un corps de Mahrattes eut la jambe brisée par un biscaïen ; tirant aussitôt son