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seram-Bhow était un homme de cinquante à cinquante-cinq ans, d’une taille ordinaire, d’une physionomie douce et intelligente. Les deux chefs tombèrent d’accord de poursuivre les opérations de la guerre. Le siège continua donc, mais avec la même lenteur. Les Mahrattes s’étaient bien laissé persuader par les officiers anglais d’élever quelques batteries ; mais, grâce à leur façon d’agir, le parti qu’ils en tiraient n’était pas considérable. Un canon venait-il d’être chargé, les artilleurs qui le servaient s’asseyaient à l’entour ; on causait, on fumait, on racontait des histoires, on dormait. Au bout d’une heure, quelqu’un se souvenait qu’il y avait un coup à tirer. On le tirait effectivement. On suivait avec curiosité l’effet produit par le boulet. Si l’on apercevait quelque poussière s’élever sur le rempart, on poussait de triomphants houras ; puis on reprenait la conversation interrompue. Celui qui racontait quelque merveilleuse histoire en reprenait le fil où il l’avait laissée ; les commentaires s’ensuivaient en fumant et en mâchant du bétel, jusqu’à ce que l’idée de recharger le canon se présentât de nouveau à quelqu’un. D’ailleurs, de midi à trois heures, jamais le moindre bruit d’artillerie ou de mousqueterie ; assiégeants et assiégés s’accordaient et temps de repos par une sorte de convention tacite, mais jamais enfreinte.

Le colonel Frederick, homme d’un caractère aventureux et entreprenant, supportait difficilement cette lenteur. Il n’épargna ni prières, ni ex-