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sous les balles, le sabre, la baïonnette des Anglais. Ils s’égorgent parfois entre eux pour essayer de gagner la tête de la foule, et d’ouvrir les portes ; les plus furieux se frappent les uns les autres à coups de poignard. Le lendemain 700 cadavres étaient entassés aux environs de cette porte ; 5 ou 600 gisaient çà et là dans les autres endroits du fort. Bahader-Khan était noblement tombé sur la brèche et criblé de coups de baïonnette, car les soldats, irrités de sa résistance, s’étaient acharnés sur lui après sa chute. C’était un beau vieillard âgé de soixante-dix ans, d’une haute taille, avec une grande barbe blanche qui lui descendait jusqu’à la ceinture ; une de ces majestueuses figures, nous dit un de ceux qui le virent, qui peuvent donner l’idée d’un prophète. L’armée entière, depuis le dernier soldat jusqu’au général en chef, voulut contempler cette noble victime de la guerre.

Deux mille hommes étaient enfermés dans la forteresse de Bangalore. À très peu d’exceptions près, ils furent tous blessés ou faits prisonniers. Au contraire, la perte des Anglais ne dépassa pas 20 hommes, ce qui ne saurait s’expliquer, si l’ennemi n’avait pas été surpris. Les assiégés s’attendaient effectivement à l’assaut pour le 20 ; comme il n’eut pas lieu ce jour-là, et que le 21 Tippoo vint camper à portée de canon de la place, ils ne crurent pas les Anglais assez hardis pour oser le donner ; aussi n’étaient-ils nullement sur leurs gardes. À peine instruit de la chute de la place, Tippoo s’éloi-