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ments, Albuquerque attaqua Ceylan, qu’il s’était précédemment borné à reconnaître, et s’en rendit maître. Ceylan, riche en éléphants, en cannelle, en épiceries, en pierres précieuses, possédant les plus abondantes pêcheries de perles de tout l’Orient située à quinze lieues seulement de la côte de Coromandel et facile à défendre, était de toutes façon une précieuse acquisition poμr les Portugais.

Albuquerque tournant en même temps les yeux du côté opposé, détacha de sa grande flotte quelques vaisseaux qu’il dirigea vers les Moluqμes. Ces îles, situées près du cercle équinoxial dans l’Océan indien, sont au nombre de dix, en y comprenant l’île de Banda ; la plus grande n’a pas dix lieues de tour. Les Chinois, que le hasard y fit aborder, y découvrirent le girofle et la muscade, deux épices inconnues aux anciens, et dont le goût se répandit bientôt aux Indes, en Perse, puis en Europe. Les Arabes, qui faisaient alors le plus grand commerce de l’univers, se précipitèrent en foule vers ces nouvelles sources de richesses ; à l’arrivée des Portugais, le commerce des épices était exclusivement dans leurs mains. Plusieurs chefs invitèrent les Portugais à s’établir sur leur territoire, se flattant d’obtenir, au moyen de l’habileté et du courage de ces nouveaux venus, une prompte et décisive supériorité sur leurs rivaux. Toutefois, ces avances demeurèrent sans résultat : au lieu de s’occuper de constituer de durables établissements dans ces îles, les Portugais préférèrent aller vendre