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contrées un plus grand administrateur, un plus habile homme d’État. À son arrivée dans l’Inde, les Européens, réduits au simple rôle de marchands, étrangers à la politique, tremblaient au seul nom du moindre fonctionnaire mogol ; mais Duplex comprit, devina toute la faiblesse de l’empire. Il conçut le projet de s’en rendre maître, au moins en partie, à une époque où il ne pouvait communiquer ce projet à qui que ce fût au monde, sans paraître à l’instant frappé de folie. La simplicité du moyen d’exécution répondait pourtant à la grandeur de l’idée ; ce moyen consistait à mettre au service de certains princes du pays des corps de troupes européennes ; la consistance du caractère européen, jointe à la supériorité de leur discipline, ne pouvait manquer de valoir aux chefs de ces corps la confiance des princes qui les emploieraient, de donner à ces princes la prépondérance sur leurs voisins. L’application de cette idée conduisit Dupleix à régner sur le Carnatique sous le nom d’un de ses partisans, d’un de ses alliés, Chunde-Saheb, puis sous son propre nom ; à régner plus tard sur le Deccan, par le moyen de deux subahdars, ouvrage de ses mains, c’est-à-dire sur 35 millions d’hommes, sur le tiers en étendue, à peu prés la moitié en richesses et en population, de l’empire entier du grand Mogol. Qu’une de ces guerres, si communes dans l’Inde eût éclaté alors entre le vassal et le suzerain, nul doute que la victoire ne fût demeurée au subahdar, aidé du génie