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avec une poignée de troupes, assurait la domination française dans tout le midi de la presqu’île. Bussy passa le reste de l’année 1753 à Aurengabad, occupé à rétablir la discipline parmi ses troupes, à veiller à leur entretien, à les préparer à la guerre avec les Mahrattes, qui menaçait toujours d’éclater d’un moment à l’autre.

Dupleix, secondé par les talents du seul Bussy, avait amené cet état de choses. Tout en continuant la guerre dans le Carnatique, sans renforts reçus d’Europe, sans officiers habiles, en un mot au milieu des circonstances les plus défavorables, il avait su jeter les fondements de cet immense empire. Le Carnatique, où toutes les forces des Anglais pouvaient à peine lui tenir tête, n’était ainsi qu’une petite portion de sa sphère d’activité. Cependant Dupleix avait un redoutable adversaire dans Saunders, alors gouverneur de Madras, homme doué d’une grande activité, d’une profonde connaissance des affaires, surtout d’une remarquable fermeté de caractère. Dès qu’il se fut convaincu de la réalité des vues ambitieuses de Dupleix, bien que la France et l’Angleterre fussent en paix en Europe, Saunders, en effet, osa faire la guerre, et la continuer à travers toutes les chances de la fortune. Les succès les plus brillants, les plus inattendus des Français le trouvèrent impassible, inébranlable. D’ailleurs toutes ces guerres, ces acquisitions de territoires, si propres à enflammer l’ambition des officiers et des généraux européens dans l’Inde, n’exerçaient