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On reproche à Lawrence d’être demeuré spectateur impassible de ce meurtre qu’il devait prévoir et qu’il lui eût été facile d’empêcher.

Lawrence se mit en mesure d’aller installer à Tritchinopoly le nabob triomphant. À l’exception de Gingee, aucune place, aucune forteresse ne devait arrêter leur marche. Cependant, à la grande surprise de Lawrence, le nabob ne laissait paraître aucun empressement de se trouver dans sa capitale. Le motif de cette conduite parut d’abord extraordinaire ; on ne tarda pas à en avoir l’explication. Le nabob s’était engagé vis-à-vis les Mysoréens à leur livrer Tritchinopoly et le district environnant ; or les Mysoréens, secondés en cela par les Mahrattes, qui se flattaient de leur arracher plus tard cette riche proie, le sommaient de tenir sa parole et de livrer la ville. Après tant de sacrifices faits par les Anglais pour remettre le nabob en possession de Tritchinopoly, cette nouvelle surprit étrangement Lawrence. Le nabob chercha à calmer le mécontentement du major : C’était là, disait-il, une de ces promesses qu’il est d’autant plus permis de faire, qu’il n’est jamais question de les tenir ; les Mysoréens ne pouvaient manquer d’en être aussi convaincus que lui-même. Après quelques pourparlers avec eux, il fut néanmoins convenu que le fort leur serait livré dans deux mois, et qu’en attendant il recevrait garnison anglaise ; le nabob leur accorda encore la permission d’entretenir dans la ville une garnison