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doute qu’il cessera bientôt d’en être ainsi, dans un temps plus ou moins rapproché. La situation intellectuelle et morale de l’Europe ne manque pas d’analogie avec celle où elle se trouvait il y a trois siècles. La réforme avait alors jeté dans les esprits la même agitation qu’a fait de nos jours la révolution française. C’est alors que l’Europe débordant, tout à la fois, à l’est et à l’ouest, envahit l’Amérique et l’Asie. Tout semble présager que notre inquiète activité suivra en partie cette voie. Les questions qui se rattachent à l’Orient se trouvent déjà au fond de toutes les complications de notre politique européenne. Derrière la question turque il apparaît dès ce moment tout entier. Les deux puissances qui, suivant toute probabilité, se le disputeront un jour à main armée, sont déjà en mouvement. La Russie ne quitte pas des yeux Constantinople ; elle maintient son influence a la cour de Perse, pousse ses avant-postes jusqu’à Khiva, à 150 lieues des Anglais dans le Caboul. L’Angleterre fait explorer par d’habiles officiers les anciennes voies de communication entre l’Europe et l’Asie ; elle s’avance dans la mer Rouge, où elle prend pied par Aden ; elle explore le golfe Persique, où elle a su se ménager d’autres stations. L’Égypte, où Alexandre commença sa gigantesque carrière, semble reprendre l’importance