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puis, profitant de l’isolement où ce prince se trouvait, en raison d’une fête qui éloignait de lui ses courtisans, il le fit empoisonner. Grâce à la bonne constitution du nabob, le poison manqua son effet ; mais le poignard acheva l’œuvre dès la nuit suivante, et Mortiz-Ali s’empressa de se proclamer nabob du Carnatique. Les anciens amis de Subder-Ali, trop faibles en nombre pour s’opposer à l’usurpation, ne purent que placer sous la protection des Anglais son fils, sa famille et sa fortune. L’usurpateur éprouva promptement l’inconstance de la fortune : détrôné par une révolte de soldats, il eut à peine le temps de s’échapper de Velore sous un déguisement de femme. Seïd-Mahomet, fils de Subder-Ali, encore enfant, fut proclamé. Toutefois Nizam-al-Mulk, à qui l’enfant fut présenté, quoiqu’il l’accueillît favorablement, ne le confirma point dans cette dignité ; au contraire, il désigna pour l’occuper un de ses principaux officiers, Goya-Abdulla. Ce dernier, à peine installé, fut trouvé un matin mort dans son lit ; tout son corps portait des traces évidentes de poison. Anwar-Odean, appelé à le remplacer par Nizam-al-Mulk, fut soupçonné d’être l’auteur de ce meurtre, peut-être seulement parce qu’il en profita ; qu’en outre son élévation était vue de mauvais œil par les peuples du Carnatique. Depuis trente ans, trois nabobs de la même famille avaient successivement gouverné le Carnatique ; la population s’était habituée à les considérer comme ses souverains légitimes, et ne voyait pas