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trône du Dieu universel et absolu. Pour eux, Dieu était dans le monde et le monde dans Dieu ; l’islamisme, au contraire, avait, pour ainsi dire, encore exagéré l’idée de l’unité et de la personnalité de Dieu, telle qu’elle était professée par le christianisme ; le prophète avait dit : « Infidèle est celui qui dit que Dieu est un troisième de la Trinité ; il n’y a point de Dieu, si ce n’est le Dieu unique. S’ils ne désavouent ce qu’ils avancent, un châtiment douloureux atteindra les infidèles. » Dans aucune religion, l’abîme qui sépare Dieu du monde n’a été creusé aussi profondément que dans le mahométisme. En même temps, Dieu n’en gouverne pas moins le monde par sa volonté, manifestée par le prophète ou le chef politique. Le panthéisme indou reconnaît un lien entre toutes les parties de l’univers, un rapport nécessaire entre le passé et le présent ; pour l’Indou, dans l’univers tout se tient, tout se fait par un enchaînement inévitable de causes et d’effets : dans l’islamisme règne un seul Dieu, dont la volonté, qui n’est jamais enchaînée par le passé, le présent ou l’avenir, se meut sans obstacle et avec une liberté illimitée. L’Indou est lié à sa caste, liée elle-même à l’ordre général de l’univers ; il est essentiellement garrotté par les milles et mille prescriptions de sa religion ; il se sent un anneau dans une chaîne qu’il ne peut rompre, de tous côtés il se trouve entouré de barrières infranchissables : le musulman, croyant à la fatalité, prenant pour des ordres de Dieu les moindres inspirations