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grains de la caste des chactrias, l’engagea a demeurer dans sa maison ; il l’instruisit dans les préceptes et les doctrines de l’islamisme. Nannuck, c’était le nom de ce dernier, aimait la science ; mais bientôt il ne se contenta pas de savoir, il voulut enseigner. Dans les écrits théologiques sa lecture habituelle, il fit un choix des doctrines, des sentiments, des idées, des expressions même qui lui plaisaient le plus ; et de tout cela résulta un livre écrit, dit-on, avec élégance dans le dialecte du Punjaub parlé dans le pays, et qui eut de nombreux lecteurs et admirateurs. La renommée de l’œuvre de Nannuck, à laquelle il donna le nom de Kirrunt, ne tarda pas à se répandre de proche en proche. Peu à peu les lecteurs du Kirrunt devinrent une secte : ils se distinguaient par des vêtements et des pratiques analogues à ceux des Fakirs mahométans ; ils vivaient entre eux, séparés du reste de leurs compatriotes ; ils formaient des villages et des communautés appelées sungats, dans lesquelles un d’entre eux, nommé chef de la communauté, était élevé au-dessus des autres, les gouvernait. Neuf chefs ou patriarches, guides intellectuels de la secte, se succédèrent après Nannuck ; et pendant ce temps, les Seicks menèrent une vie paisible et inoffensive. Le dixième patriarche, nommé Teeg-Bahadur, était constamment suivi d’une multitude de disciples et d’enthousiastes. Un Fakir musulman vint s’unir à lui avec une suite assez nombreuse. La nécessité de subsister força bientôt ces sectaires à mettre à