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vajee, avec la plus grande adresse, avait surpris et pillé Surate, à cette époque ville de grande importance et de grand renom, principal port de l’empire mogol, point de départ ordinaire des pélerins qui se rendaient à la Mecque. Les opérations des nouveaux généraux changèrent le cours des affaires des Mahrattes : les armées de Sevajee furent mises en déroute ; son pays pillé, saccagé ; Poorundeh, place très forte, où il avait placé ses femmes et ses trésors, assiégée et bientôt réduite aux dernières extrémités. Alors Sevajee usa d’un stratagème que nous verrons se reproduire plus d’une fois dans l’histoire d’Orient : seul et désarmé, il se présente tout-à-coup à l’un des avant-postes des troupes impériales ; il demande à être conduit au général ; là, il confesse sa folie de s’être attaqué à l’empire mogol, il expose son repentir, sollicite le pardon de sa révolte, et offre ses services à l’empereur. Il ajoute qu’il veut restituer vingt forts qui sont encore en son pouvoir. Jey-Sing, le général de l’empereur, accepte la proposition ; Sevajee reçoit l’ordre de se rendre à Delhi, en présence de l’empereur ; il obéit sur-le-champ. Il offrait de se mettre à la tête de la guerre alors imminente entre la Perse et l’empire : que cet offre eût été acceptée, qu’il eût été reçu avec les honneurs auxquels il se croyait des droits, et Sevajee se consacrait probablement au service du grand Mogol ; alors l’empire des Mahrattes n’aurait peut-être jamais existé. Aureng-Zeb se donna, au construire, le plaisir d’abaisser, d’hu-