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père, avait été de tout temps citée, remarquée par la façon distinguée avec laquelle elle avait toujours traité les Persans ; elle se rendit elle-même comme médiatrice, et dans son palanquin, à la porte du visir, démarche qui, dans les idées de ces peuples, était un suprême honneur pour ce dernier. Les portes de la maison, déjà barricadées, s’ouvrent aussitôt ; le visir, touché, attendri, se rend à la salle d’audience de l’empereur, il se prosterne devant le trône. Aureng-Zeb se hâte d’en descendre, il relève le visir et l’embrasse ; il ne cherche plus qu’à effacer toutes traces de ces débats. Aureng-Zeb s’empresse alors de marcher contre le shah de Perse, qui, profitant de ces désordres intérieurs, s’était avancé sur les frontières ; mais le shah mourut dans son camp avant que les deux armées ne fussent en présence. Le successeur ne se souciait pas de se donner les embarras d’une guerre au commencement de son règne ; de son côté, Aureng-Zeb était plus préoccupé de l’envie d’étendre ses conquêtes du côté du Deccan que de celui de la Perse. Ces dispositions réciproques rendaient facile un arrangement, et il fut effectivement conclu.

Aureng-Zeb était déjà depuis dix années sur le trône, lorsqu’un nouvel ennemi se présenta qui devait devenir promptement redoutable à ses successeurs : c’était Sevajee, le fondateur de l’empire des Mahrattes. Dans les régions montagneuses qui s’étendent des frontières de Guzeráte jusqu’à celles du Canara, se trouvait une race d’Indous encore