Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 1.djvu/344

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’avait pas cessé d’être traité avec le plus grand respect : il avait conservé ses femmes, une cour nombreuse ; il était pourvu de tous les divertissements qu’on savait de son goût : toutefois sa colère et son irritation contre Aureng-Zeb n’étaient point apaisées. Il répondit aux propositions de ce dernier par un refus exprimé en paroles hautaines et insultantes ; Aureng-Zeb, loin de montrer aucun ressentiment, redoubla d’efforts pour apaiser l’irritation du vieillard.

L’émir Jumla avait obtenu, pour la récompense de ses services, le gouvernement de Bengale ; mais bientôt Aureng-Zeb, fidèle à la politique de l’Orient, songea à retirer l’émir de ce gouvernement, toutefois sans en venir à une rupture ouverte. D’abord, pour l’occuper, il le pressa de faire la guerre contre le roi d’Assam, dont l’armée avait fait tout-à-coup une irruption dans le Bengale. Jumla, pour qui c’était une occasion de gloire et de fortune, entreprit avec joie cette expédition ; il traversa les montagnes d’Assam, vainquit le roi, le mit en fuite, le força de s’enfuir et de se cacher dans les montagnes ; mais alors arrivèrent des pluies, plus abondantes, plus violentes dans ces régions que dans tout le reste de l’Inde. Le pays ne fut bientôt plus qu’une mer immense. Jumla se trouvant dans l’impossibilité de faire subsister son armée, se vit contraint de retourner dans le Bengale. Les difficultés qu’il eût à vaincre dans cette marche rétrograde furent innombrables : les vivres man-