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rait tendu en vue de Dara. Tout-à-coup ce dernier apprend qu’Aureng-Zeb, après l’avoir tourné, est en pleine marche vers la capitale ; il fait lui-même la plus grande diligence, et parvient à rejoindre l’ennemi. Le combat s’engage ; par sa bravoure éclatante, Dara balance la froide intrépidité d’Aureng-Zeb, qu’aucun péril n’avait jamais troublé, et l’impétueux courage de Mourad. Malheureusement, l’éléphant qu’il monte est blessé, et s’abat ; forcé d’en descendre, il s’élance sur un cheval et cet accident lui devient funeste : les soldats, en perdant de vue l’étendard, croient à la trahison ou à la mort de leur chef ; le désordre se met dans les rangs, et bientôt chacun ne pense plus qu’à sa propre sûreté. Entraîné par la déroute générale, après de vains efforts pour rallier ses troupes. Dara lui-même est obligé de chercher un asile à Agra ; il s’y arrête à peine assez de temps pour avoir une courte entrevue avec son père, et court en toute hâte à Delhi, où il se flatte de rassembler quelques troupes.

Aureng-Zeb déploie en ce moment toute son adresse. Il affecte de traiter. Mourad comme l’empereur ; quant à lui, il commence à s’occuper des préparatifs d’un voyage à la Mecque. En même temps il emploie tous les moyens de séduction dans lesquels il était passé maître pour détacher les principaux des omrahs de la cause de Dara. Il réussit complètement auprès de l’armée de Soliman ; bientôt celui-ci se trouve isolé, cesse d’être en sûreté au milieu des siens : il est forcé de s’enfuir