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blé mortelle. Dara ou Shêko, qui se trouvait auprès de lui dans ce moment, se saisit sans hésiter des rênes du gouvernement. Avec sa précipitation habituelle, il montra bientôt ce qu’il craignait de ses frères et ce que ses frères avaient à craindre de lui. Toute relation, toute communication avec l’un ou l’autre fut interdite aux sujets de l’empire sous peine de mort ; leur argent, leurs propriétés dans la capitale furent saisis, leurs amis emprisonnés ; ceux des grands-officiers de l’État soupçonnés d’avoir quelque dévouement pour eux, éloignés ou privés de leurs emplois. Les troupes impériales, mises immédiatement sur le pied de guerre, n’attendirent plus que le moment d’entrer en campagne. Sujah, comme le plus voisin de la scène, fut le premier à se montrer en attitude hostile. Les plus riches provinces de l’empire, tour à tour gouvernées et pillées, lui avaient fourni beaucoup d’argent, en Orient comme en Europe le nerf de la guerre ; depuis longtemps il s’était préparé au combat qui allait s’engager ; une armée considérable paraissait disposée à suivre sa fortune. Dara lui opposa son fils aîné Soliman, trouva le moyen de passer le Gange à l’improviste, et surprit le camp de Sujah ; celui-ci eut à peine le temps de se réfugier à Monghir, où il fut immédiatement assiégé.

De son côté, Aureng-Zeb ne demeurait point dans l’inaction. Tout en ne cessant de répéter qu’il aspirait, quant à lui, au ciel et non au trône, il embrassait ouvertement le parti de Mourad. Mourad,