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de l’Orient consistait et consiste encore à élever les fils du monarque de manière à les efféminer, à les affaiblir de bonne heure dans les plaisirs énervants du sérail. Par une singulière exception, les fils de Shah-Jehan avaient contracté au contraire de bonne heure l’habitude d’une vie active et guerrière ; tous étaient ardents, ambitieux ; chacun d’eux se croyait digne de l’empire. L’aîné Dara ou Shêko, était brave, franc, ouvert, mais impétueux et inconsidéré ; destiné au trône par son père, il avait presque toujours vécu auprès de ce dernier. Sujah, le second, alors subahdar du Bengale, laissait voir plus de prudence et de discrétion que son frère aîné, toutefois il se montrait sous tous les rapports bien inférieur au profond et dissimulé Aureng-Zeb. Dès son enfance, Aureng-Zeb s’était appliqué à couvrir d’un masque de piété son ambition naturelle ; il prétendait n’avoir que de l’éloignement pour les affaires et les vanités du monde ; on l’entendait souvent dire qu’il ne désirait dans le monde entier qu’une seule chose : une retraite où il pût se consacrer au service de Dieu, dans la pratique de la pénitence et des austérités religieuses. Morad, le dernier des fils de Shah-Jehan, était surtout remarquable par son courage, populaire aussi par l’affabilité de ses manières et surtout par sa libéralité, d’ailleurs crédule et faible. Au moment de la maladie de son père ce jeune prince se trouvait dans la province de Guzerate dont il était subahdar. La maladie de l’empereur à son apparition avait sem-