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midi, afin de donner aux gouverneurs de provinces le temps de le rejoindre avec leur contingent de troupes. Au bout de l’année, il arriva à Dowlatabad avec une armée qui s’était incessamment grossie en route. Cette armée était divisée en douze corps ou divisions ; ce furent comme douze torrents dévastateurs qui inondèrent tout-à-coup les royaumes de Golconde et de Beejapor ; les soldats se livraient sans crainte à tous leurs sanglants caprices, car l’empereur avait voulu qu’il en fût ainsi : « La guerre est le fléau de l’humanité, disait Shah-Jehan, et la pitié ne sert qu’à prolonger les maux qu’elle entraîne. » En quelques mois, cent cinquante villes ou forteresses tombèrent dans les mains des Mogols. Les souverains du Deccan sollicitèrent la paix ; elle leur fut accordée, à la condition de se reconnaître tributaires du Grand-Mogol. La province de Candesh, ainsi que l’armée du Deccan, fut laissée sous les ordres du fils de Mohabet ; celui-ci semblait avoir hérité des grands talents de son père, mais il mourut peu après. Aureng-Zeb, dont la précoce ambition commençait à percer, fut son successeur. La province de Candahar, jadis enlevée aux Mogols par Abbass, shah de Perse, fut recouvrée par eux ; effrayé, dégoûté des sanglants caprices du successeur d’Abbass, le gouverneur se laissa facilement persuader de la restituer à ses anciens maîtres. À la même époque une invasion faite par le roi d’Assam dans la province de Bengale fut facilement repoussée ; peu après le royaume du Tibet fut sub-