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revers disperse son armée ; lui-même est obligé d’aller s’enfermer dans un château-fort. Pendant ce temps, l’impératrice s’enfuit à Lahore.

Mohabet traita l’empereur avec le plus grand respect ; il l’assura qu’il ne ferait aucun empiétement sur son autorité ; il se plaignit que ses propres ennemis l’eussent conduit à la nécessité douloureuse pour lui de s’emparer de la personne impériale. Cependant Mohabet, pensant qu’il ne pourrait rien gagner sur l’esprit de l’empereur tant qu’il serait sous l’influence de Noor-Mahl, s’assure de cette dernière ; il l’accuse de trahison, de menées contre l’État. L’empereur, chez qui l’absence avait déjà affaibli le pouvoir des charmes de Noor-Mahl, signe sans beaucoup de résistance l’ordre de sa mort. Noor-Mahl reçoit cette sentence avec calme ; seulement elle demande la faveur de baiser, avant de la subir, la main de son seigneur. Cette faveur lui ayant été accordée, elle est conduite devant l’empereur ; Mohabet devait assister à l’entrevue. La belle Noor-Mahl s’incline en silence ; mais, à son aspect, l’empereur fond en larmes et s’écrie : « Mohabet, n’épargnerez-vous pas cette femme ? Voyez comme elle pleure ! — Ce n’est pas à l’empereur des Mogols répond Mohabet, qu’il appartient de supplier en vain. » Il fait un signe de la main, les gardes de Noor-Mahl s’éloignent, elle est rendue à la liberté. En peu de mois Mohabet avait rendu à l’empereur le plein exercice de son autorité ; pour montrer la sincérité de ses sen-