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d’une guerre d’escarmouches et de surprises, après beaucoup de fatigues et de dangers, il finit effectivement par rendre ses tributaires vingt-deux petits princes qu’il contraignit d’envoyer des otages à Agra. Pendant la durée de cette expédition, Jehangire alla visiter la délicieuse vallée de Cachemire, dont le séjour lui plut tellement qu’il y demeura plusieurs mois.

Les princes tributaires du Deccan s’étant soulevés plusieurs fois pour se dérober au paiement du tribut, Shah-Jehan les avait toujours ramenés à l’obéissance. Encouragé par tant de succès, ce dernier commença l’exécution d’un grand dessein qu’il méditait depuis long-temps ; ayant obtenu de l’empereur la sortie de prison de son frère aîné Chusero, qui s’y trouvait depuis long-temps pour cause de rébellion, il le fit assassiner. L’empereur se répandit en plaintes amères, et Shah-Jehan, délivré d’un compétiteur redoutable, comprit qu’il n’y avait plus à hésiter ; il prit le titre d’empereur, et marcha contre Jehangire. Le père et le fils en vinrent aux mains, et dans une sanglante journée auprès de Delhi se disputèrent l’empire. Le père fut victorieux ; et Shah-Jehan, que ses favoris avaient empêché de tourner sa rage contre lui-même, s’enfuit dans les montagnes de Mewât, et de là dans le Deccan, où Jehangire le poursuivit. Les provinces qu’il avait long-temps gouvernées lui furent successivement enlevées. Une dernière bataille, qu’il perdit sur les bords de la Nerbudda dispersa son