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une semblable résolution aussi nécessaire qu’elle fut et devait être peu durable.

À travers toutes les vicissitudes de fortune que nous avons racontées, Humayoon était parvenu à gagner la Perse. Tamasp, fils d’Ismaël, le second des Sophis, occupait alors le trône ; il régnait des rives de l’Euphrate aux frontières les plus éloignées de la Tranxoxiane. Les gouverneurs des provinces où arriva successivement Humayoon le reçurent avec distinction ; Tamasp le fit inviter à se rendre auprès de lui et le fugitif se rendit avec empressement à l’invitation. Un jour Shah-Tamasp, dans une conversation avec Humayoon, lui demanda comment ses ennemis, d’abord si faibles, était devenus tout-à-coup si puissants ; celui-ci répondit : « Par l’inimitié de mes frères. » Le shah répliqua : « Votre manière de traiter vos frères n’est pas celle que nous enseigne l’expérience. » À la fin du repas, car c’était à table que se tenait cette conversation, Beiram-Mirza, frère de Tamasp, s’approcha de celui-ci avec une aiguière et un bassin à laver les mains ; Tamasp s’en servit, et, reprenant son discours, dit à Humayoon qui se trouvait de son côté : « Voila la manière dont vous auriez dû en agir avec vos frères. » Humayoon, conviction, ou courtoisie, se hâta de se ranger à l’avis du shah. D’abord ce dernier s’était senti disposé à aider le monarque fugitif à remonter sur le trône de l’Indostan ; mais depuis la scène du bassin, depuis l’approbation donnée par Humayoon à