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due que n’en avait possédé depuis bien des siècles aucun prince de l’Inde. Le siège de la forteresse de Kalungur lui procura une fin digne de sa vie guerrière et aventureuse. Les approches étaient terminées, les batteries de brèche élevées, les mines creusées, un assaut général ordonné ; en ce moment une bombe tirée par les assiégeants éclata dans le mortier et arriva qu’un de ses débris vint à tomber sur un magasin à poudre qui se trouvait dans le voisinage ; Sheer-Khan et plusieurs officiers furent blessés, on les emporta loin de la batterie. Blessé mortellement, respirant à peine, Sheer-Khan ordonna de continuer l’attaque ; lui-même ne cessa de la diriger par ses ordres jusqu’au moment où la place fut enfin rendue ; alors il s’écria d’une voix tonnante : « Louange à Dieu ! gloire au Tout-Puissant ! » Il expira aussitôt. Il avait passé cinq années sur le trône de l’Indostan ; ce court espace de temps lui suffit pour élever une grande quantité de monuments publics, pour établir et faire régner le bon ordre dans tout l’empire. Suivant un historien persan, la vigilance de la police était telle sous son règne, que voyageurs et marchands, déposant leurs bagages et leurs marchandises à côté de la route, s’en allaient dormir paisiblement dans le voisinage. L’inquiétude de se trouver dépouillés au réveil n’existait plus pour eux depuis l’avènement au trône de Sheer-Khan.

Deux de ses fils se disputèrent le trône ; le plus jeune l’ayant emporté se fit proclamer sous