Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 1.djvu/271

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la jalousie ne tarda pas à se mettre entre les deux frères, car tous deux aspiraient au même but ; ils se séparèrent. L’un d’eux, Hindul-Mirza, se fit proclamer empereur à Agra, en 1538. Humayoon s’efforçait vainement de leur faire comprendre que ces dissensions intestines ne pouvaient manquer d’entraîner la ruine de leur maison ; il les exhortait à joindre leurs forces aux siennes pour achever de détruire l’ennemi commun, les Afghans. Il leur offrait de procéder ensuite à un partage de l’empire à l’amiable entre eux trois. Ces arguments n’eurent aucun poids sur leur esprit : chacun d’eux se flattait de pouvoir vaincre à son tour Sheer-Khan, si celui-ci demeurait vainqueur de Humayoon ; il ne doutait pas de triompher ensuite de son rival avec la même facilité.

Sheer-Khan sut profiter habilement de ces dissensions : il appartenait à une des plus nobles familles de la tribu de Soor. Dans les premiers temps de sa vie, il s’appela Fureed ; mais à une chasse il lui arriva d’abattre d’un seul coup de sabre la tête d’un lion, et il fut salué sur le lieu même, et en honneur de cet exploit, du surnom de Sheer-Khan ; surnom significatif voulant dire le chevalier ou le seigneur du lion. Dès sa jeunesse, il se montra impatient de la domination mogole, préoccupé des moyens de la renverser. Se trouvant un jour dans le camp de Baber, après avoir attentivement observé les conquérants, et le relâchement de discipline qui s’introduisait parmi eux, il dit devant