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soigneusement rassembler toutes les marchandises, envoya prévenir de ce malheur les héritiers du défunt, et les fit convier à venir chercher leur propriété. Ils arrivèrent à sa cour au bout de deux ans, trouvèrent encore intactes les marchandises qu’on leur restitua immédiatement. Malgré toutes ses dépenses à cette occasion, Baber ne voulut recevoir, d’eux aucun dédommagement. L’étonnement et l’admiration de ses contemporains, grandes à ce sujet, nous peignent à la fois et le propre caractère de Baber et celui de cette époque. Ses mœurs étaient fort licencieuses, mais il savait d’ailleurs mêler à ses plaisirs quelque chose d’élégant, de poétique. Parfois, une immense fontaine située au milieu de ses jardins, par ses ordres se remplissait de vin qu’elle faisait jaillir à grands flots. Du milieu de la fontaine s’élevait une colonne sur laquelle se trouvaient gravés des vers de sa composition, dont le sens était : « Qu’on me donne du bon vin et de belles filles, et je renonce à tous les autres plaisirs. Sachez en jouir, Baber, pendant qu’il en est temps encore ; quand la jeunesse est passée, c’est pour ne plus revenir. » Assis dans le voisinage, tout en devisant de guerre, d’amour et de poésie avec ses courtisans, Baber se plaisait à leur faire lire cette inscription.

Humayoon lui succéda. À peine était-il monté sur le trône, que son frère Kamram-Mirza forma le dessein de se rendre maître du Punjaub ; il faisait déjà ses dispositions pour s’en emparer.