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sant parmi eux, Eckbal, renonçant à la protection des murailles de la capitale, marcha hardiment à la rencontre de l’ennemi. Mais les soldats énervés de Delhi ne purent pas supporter le premier choc des farouches guerriers du Nord ; ils prirent la fuite. Timour les poursuivit et en fit un grand carnage jusque sous les murs de la ville. À la faveur de la nuit, Eckbal et Mahomet parvinrent à s’échapper, le premier se dirigeant vers Birren, le second vers le Guzerate. Delhi ouvrit ses portes au vainqueur. Tout alla bien d’abord ; mais quelques difficultés s’étant élevées sur le paiement des contributions imposées par Timour, le sang des vaincus coula, et bientôt par torrents. Le conquérant sembla se plaire à ces scènes terribles. Après un séjour de quinze jours à Delhi, il l’abandonna brusquement et se dirigea vers le nord par les deux rives du Gange ; il continua sa marche dans cette direction jusqu’à l’endroit où le fleuve s’échappe des montagnes, et de là se remit en route pour Samarcande en traversant les montagnes du Caboul. Derrière Timour s’éleva comme une immense et lamentable voix, qui le salua de ce nom terrible : « Prince de la destruction. » Eckbal s’empressa de retourner à Delhi ; mais au choc terrible du conquérant tous les liens de l’empire s’étaient comme brisés ; les gouverneurs des provinces se revêtant à leur fantaisie de titres royaux se proclamaient indépendants. Au milieu de cette confusion, Mahomet III mourut : prince faible, n’ayant ni les talents du politique ni