Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 1.djvu/233

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

indoues sont vouées par le législateur à un état de dépendance perpétuelle : « Leurs pères, dit Menou, les protègent dans l’enfance, leurs maris dans le cours de leur vie, leurs fils dans leur vieillesse. Une femme n’est jamais faite pour l’indépendance : c’est la loi suprême pour toutes les classes. » Les femmes sont exclues de la lecture des Vedas ; elles ne sauraient accomplir aucun devoir, aucun rite religieux qu’en société de leurs maris. Elles n’ont aucune part dans l’héritage paternel, et ne témoignent point devant les tribunaux. Elles ne sauraient manger avec leurs maris. Un pouvoir de divorce presque illimité est laissé à ceux-ci, tandis que les femmes elles-mêmes en sont privées. La polygamie est un usage général parmi les Indous. On a douté si la pratique d’enfermer les femmes chez les Indous n’était pas postérieure à la domination des musulmans et une imitation de ce qui se passait chez ces derniers ; mais on trouve plusieurs allusions à cette pratique dans des écrits fort antérieurs à cette domination. Le roi héros du drame de Sacontala a plusieurs femmes ; elles sont représentées comme résidant dans les secrets appartements du palais et n’en pouvant sortir. À la vérité, la loi de réclusion complète ne peut jamais regarder le peuple proprement dit : les classes inférieures, même chez les musulmans, sont toujours dans la nécessité de laisser une certaine liberté à leurs femmes ; autrement celles-ci ne pourraient pourvoir aux besoins du ménage. Le témoignage le plus décisif de cette