Page:Barchou de Penhoën - Histoire de la conquête de l’Inde par l’Angleterre, tome 1.djvu/222

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tous ces crimes[1]. » À un temps qui n’est pas encore très éloigné, les sacrifices humains furent fréquents ; certaines tribus sauvages et nomades en ont conservé des traces. On les retrouve encore dans quelques circonstances : ainsi, lorsque les brahmes se proposent de résister aux exigences du gouvernement, ils élèvent un bûcher de bois, de forme circulaire, appelé koor ; sur ce bûcher ils placent un homme ou une femme, et, poussés à toute extrémité, ils y mettent le feu, convaincus qu’ils amassent de la sorte de terribles malédictions sur la tête de leurs oppresseurs.

La métempsycose, c’est-à-dire le passage de l’âme à travers plusieurs ordres d’existence, mourant sous une forme pour renaître sous une autre, est un des points les plus essentiels de la croyance des Indous. À la vérité, le monde visible nous offre de mille façons la réalisation de cette idée : la vie végétale, dans la plante, expire en automne et reparaît au printemps ; le ver à soie souffre une sorte de mort, s’ensevelit dans un tombeau qu’il a fabriqué lui-même, et renaît bientôt à la vie sous une forme nouvelle ; ne sont-ce pas là autant d’expressions d’une loi générale régissant l’univers ? Ne voyons-nous pas dans la nature elle-même tout varier, tout changer d’apparences, et rien ne s’anéantir ? La nature n’est pour ainsi dire elle-même qu’un vaste symbole de la métempsycose universelle. Frappés de ce spectacle,

  1. Texte sanscrit cité, cité par M. Colebrooke, sur les devoirs d’une veuve indoue. (Asiat. Rech., t. iv, p. 208.)