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montent immédiatement au ciel. D’autres fois, c’est dans les flammes que les dévots accomplissent le sacrifice, souvent, accompagné de circonstances d’une étrange atrocité. La victime se frappe avec son sabre de manière à mettre ses entrailles à découvert ; elle s’arrache le foie qu’elle donne à quelque parent ou à quelque ami, causant avec ceux qui l’entourent avec une indifférence apparente ; enfin, le moment venu, elle se couche au milieu des flammes pour ne plus se relever. À certaines grandes solennités, des pénitents exécutent le vœu de se faire couper la tête, comme un sacrifice au Gange, ou de se noyer dans les eaux des rivières sacrées. Le sacrifice volontaire des femmes qui se brûlent sur le corps de leurs maris, est de ces cérémonies la plus fréquente et celle qui de tout temps a le plus frappé les étrangers. Les plus hautes vertus sont attribuées à ce sacrifice. « La femme qui consent à se livrer aux flammes avec le corps de son mari deviendra l’égale d’Arundhati, et habitera dans Swarga avec son mari trente-cinq millions d’années, c’est-à-dire autant d’années qu’il y a de cheveux sur une tête humaine. De même que l’aigle enlève le serpent de la terre pour le porter au milieu des airs, de même, enlevant son mari aux profondeurs de l’enfer, la femme fidèle l’emportera au ciel pour y jouir ensemble d’éternelles délices, pendant le règne de quatorze judras. Quand son mari aurait tué un brahme, brisé les liens de la reconnaissance, assassiné un ami, par son dévouement elle expie