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quide quelconque devenant alors la seule nourriture possible pour celui qui s’est voué à cette posture. On en voit d’autres s’enterrer jusqu’au cou dans le sable brûlant ; se coucher sur un lit garni de pointes de fer, s’enchaîner pour la vie au pied d’un arbre, ou bien encore tenir les yeux fixés sur le soleil jusqu’à ce que l’organe de la vue ait été détruit par l’éclat de la lumière. L’impossibilité d’être dans la caste des brahmes, jointe à la possibilité de jouir de la grande vénération où sont ces pénitences dans l’esprit, est en partie ce qui leur donne naissance. Les jogees, c’est le nom donné par les Indous à ces pénitents, au prix des mille tortures que nous venons de raconter, parviennent en effet à tenir dans l’opinion un rang analogue à celui que le privilège de leur naissance assigne aux brahmes.

Le zèle religieux des Indous va plus loin encore sur la même route ; selon eux, l’achèvement, la perfection. même de la piété à l’égard des dieux consiste à sacrifier sa propre vie en leur honneur. Dans certaines fêtes solennelles, les images ou statues des dieux sont promenées en procession, montées sur de gigantesques chariots auxquels s’attèle une multitude de prêtres et de dévots ; alors un grand nombre de spectateurs, souvent des pères ou des mères, leurs enfants dans les bras, se précipitent sous les roues du char qui, tiré par des bras vigoureux, surmonte l’obstacle, écrase et met en lambeaux ces victimes volontaires qui, selon la croyance populaire,