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l’Inde, dans ses formes innombrables et diverses, se trouve dans les lois de Menou. Selon Menou, l’univers existait dans l’idée divine, encore non manifesté, enveloppé de ténèbres, imperceptible, indéfinissable, inaccessible à la raison, n’ayant pas encore été découvert par la révélation, comme enseveli dans un profond sommeil. Alors l’Être existant par lui-même, lui-même invisible, fit le monde visible, avec cinq éléments et les autres principes de la nature ; alors il apparut dans toute sa gloire, manifestant son idée, dissipant les ténèbres. Lui, celui que l’esprit seul peut concevoir, dont l’essence échappe aux organes visibles, qui existe de toute éternité ; lui, l’âme de tous les êtres, dont l’existence ne peut être comprise, apparut en personne. Ayant voulu produire des êtres divers de sa propre divine substance, d’abord par la pensée il créa les eaux et y plaça un germe productif. Ce germe devint un œuf, brillant comme de l’or, éclatant comme un soleil à mille rayons ; dans cet œuf il naquit lui-même sous la forme de Brahma, le grand aïeul des esprits. Les eaux furent appelées Nara, parce qu’elles furent le produit de Nara ou l’esprit de Dieu ; et comme elles furent son premier agana, c’est-à-dire lieu de mouvement, de là il est nommé Narayana, ou se mouvant dans les eaux. De la première cause de tout ce qui est, ne tombant pas sous nos sens, existant partout en essence quoique n’étant pas l’objet de nos perceptions, n’ayant ni commencement ni fin, naquit l’homme divin, ré-