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voquer la colère d’un brahme, car il ne tiendra qu’au brahme d’anéantir sur-le-champ, par l’effet de ses charmes, le roi avec ses troupes, ses chars et ses éléphants. Qui pourrait, sans périr, provoquer ces saints hommes dont la parole a créé la flamme dévorante, les mers immenses, la lune avec ses phases diverses ? Quel prince aurait quelque profit à opprimer ceux dont la parole peut créer d’autres mondes et d’autres rois du monde, donner l’être à de nouveaux mortels, à de nouveaux dieux ? Quel homme désireux de vivre peut vouloir offenser ceux par le pouvoir desquels les hommes et les dieux subsistent, ceux qui sont riches de la connaissance des Vedas[1] ? » Pour le même crime, le même délit, le châtiment infligé à un brahme est toujours beaucoup moindre que celui d’un homme d’une caste inférieure ; les plus grands crimes commis par un brahme n’en laissent pas moins inviolables sa vie et sa propriété. La loi de Menou dit : « Un roi ne saurait faire mourir un brahme, quand ce dernier aurait été convaincu de tous les crimes imaginables ; qu’il bannisse le coupable de son royaume, mais avec sa vie sauve et ses propriétés intactes[2]. » Ils sont exempts des taxes : « Un roi, fût-il au moment de mourir de faim, ne saurait recevoir aucune taxe d’un brahme instruit dans les Vedas[3]. »

  1. Lois de Menou, ch. ix, p. 313.
  2. Ibid., ch. viii, p. 580.
  3. Ibid., ch. vii, p. 133.