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Les établissements de la Compagnie française, sous la direction de deux hommes de génie, prenaient alors tout-à-coup un développement considérable. Les îles de France et de Bourbon se trouvaient dénuées de toutes ressources au moment où les Français s’en emparèrent ; elles n’avaient ni commerce, ni agriculture, ni industrie, ni gouvernement ; mais à cette époque le ministère désigna pour les gouverner Mahé de La Bourdonnais, destiné à devenir si célèbre dans l’histoire de l’Inde. Né à Saint-Malo en 1699, embarqué tout enfant, ayant parcouru toutes les mers de l’Orient ; versé dans les mathématiques, le commerce, la navigation ; doué d’une grande énergie de caractère, d’un esprit juste, droit, entreprenant, nul homme ne pouvait être plus propre à ce poste important. Il s’y montra tout à la fois soldat, marin, agriculteur, ingénieur, architecte. Il fit cultiver les grains nécessaires à la nourriture des habitants, qui jusque là avait dépendu pour cet objet, de tous le plus essentiel, de l’arrivée des navires ; il introduisit la culture du coton, de la canne a sucre, de l’indigo ; il naturalisa celle du manioc, malgré les préjugés populaires qui repoussaient cette nourriture. Des ouvriers de toute espèce se formèrent grâce à ses soins ; de toutes parts s’élevèrent des magasins, des arsenaux, des batteries, des fortifications, des casernes. Il créait en même temps un gouvernement régulier, détruisait les nègres marrons qui infestaient l’île, organisait un vigoureux