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Dans la première de ces périodes, une chose surtout est importante ; c’est la façon dont s’établirent les premières relations entre les Européens et les indigènes. Nous voyons là la façon dont le génie de l’Inde et celui de l’Europe se posent, pour ainsi dire, face à face. Le hasard, le voisinage, les intérêts du commerce, les intérêts particuliers encore plus actifs, mêlent peu à peu les affaires des Anglais à celles des princes ou gouverneurs indigènes. Tantôt ils prêtent à ceux-ci de l’argent, d’autres fois en empruntent, toujours leur fournissent quelques corps de troupes auxiliaires. Qu’arrive-t-il alors ? c’est qu’en raison de l’accumulation des intérêts, les dettes de ces princes s’accroissent incessamment, c’est que la solde des troupes auxiliaires va s’arriérant de plus en plus. Or, obligés qu’ils sont après certain délai de faire face à leurs engagements, ils cèdent tantôt telle portion de leurs revenus, tantôt telle partie de leur territoire à leurs créanciers. L’administration des provinces, le territoire lui-même, passent ainsi, peu à peu, mais pour ainsi dire forcément, des mains des princes ou gouverneurs mogols et indous à celles des Anglais. On a voulu attribuer ce résultat à des prodiges de calcul et d’habileté, à un savant machiavélisme ; mais peut-être (et cet ouvrage, nous l’espérons, donnera quelque preuve à l’appui) suffit-il, pour se expliquer,