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sujets de la Hollande : il les réclama et leur donna l’ordre de débarquer sans délai. Ce contre-temps força les Français à se défaire de l’un de leurs vaisseaux et d’une partie des marchandises qu’ils avaient achetées pour les porter en Europe. L’expédition, en dépit de ces circonstances fâcheuses, n’en avait pas moins réussi. Dès le 20 octobre, deux autres navires, l’un de 450, l’autre de 400 tonneaux, et un aviso de 75, mirent à la voile de Honfleur, pour Sumatra ; ils se firent à Achem un magnifique chargement de poivre ; à leur retour l’un d’eux se perdit, l’autre regagna heureusement le Havre. L’association, se proposant alors un autre but, prit la résolution de former à Madagascar un grand établissement colonial ; les premiers essais ne furent pas heureux. Une nouvelle compagnie poursuivit le même plan, sans plus de succès, en 1642. Au bout de vingt années la domination des Français ne s’étendait pas au-delà de l’enceinte de leurs fortifications. En 1654, le maréchal de la Meilleraie voulut exécuter le même projet pour son propre compte : il expédia trois navires pour la nouvelle colonie ; cette entreprise échoua comme les précédentes, et à la mort du maréchal, tout ce qui restait du matériel de l’expédition ne fut vendu que 20, 000 fr.

Mais Colbert comprit tout le parti qu’il était possible de tirer, pour la prospérité de la France, du commerce de l’Orient : il créa une compagnie française des Indes-Orientales, sur le modèle de celles de Hollande et d’Angleterre ; il la dota même de