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ment abstenus s’ils n’avaient pas eu la présomption de leur culpabilité : Quoi qu’il en soit, Anglais, Japonais et Portugais furent mis à la question : soit que ce fût la vérité qui parlât ; soit que la douleur leur arrachât de faux aveux ; deux Japonais confessèrent le crime dont ils s’étaient accusés ; en raison de l’aveu ; tous furent condamnés à mort, et l’exécution suivit de près la sentence. Cette nouvelle, en se répandant en Angleterre ; y produisit la plus douloureuse, la plus pénible sensation. La presse et le burin s’empressèrent de reproduire, en les exagérant ; les lugubres scènes d’Amboyne. Une gravure où l’on voyait les Anglais expirant sur le chevalet au milieu des plus affreux tourments, torturés par des bourreaux hollandais, fut répandue dans toute l’Angleterre. Les marchands hollandais qui se trouvaient à Londres, sans cesse menacés dans leurs propres maisons par une foule furieuse, se virent dans l’obligation de s’adresser au conseil privé pour en obtenir protection ; ils se plaignirent encore de la publication faite par les directeurs de la gravure d’Amboyne. Les directeurs, mandés devant le conseil privé, nièrent qu’ils eussent contribué à répandre la gravure dans la ville ; mais avouèrent l’avoir fait exécuter ; ils voulaient, disaient-ils, perpétuer dans leurs maisons et laisser à leurs descendants une preuve de la perfidie et de la cruauté des Hollandais. Des pétitions, couvertes de milliers de signatures, arrivaient de tous côtés au roi ; elles lui demandaient