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les objets principaux, et certes ce n’est pas un des phénomènes les moins étranges de la civilisation moderne que de voir la prospérité, la puissance, la liberté même d’une nation dépendre de la culture de quelques milliers d’arbustes qui croissent à six mille lieues d’elle, dans deux ou trois petites îles comme perdues pour elle à l’autre extrémité du monde. Dans l’origine, on comprenait sous le nom de Moluques un groupe d’îles dont les principales étaient Ternate, Tidor, Mohir, Macchiam et Bacchiam ; peu à peu ce nom devint commun à toutes les îles produisant les épices : Banda, Amboyne, Ceram et toutes les îles adjacentes. Les Hollandais, après une lutte de quelque temps, parvinrent à en chasser les Portugais, comme ceux-ci les avaient chassés de Lisbonne. Ils s’emparèrent alors exclusivement du riche commerce des épices.

En 1617-18 une souscription fut ouverte à Londres pour la formation d’un nouveau capital social qui fut porté jusqu’à la somme, immense pour le temps, de 1,600,000 livres sterling. Cette nouvelle souscription était destinée à fournir aux frais de trois voyages. La Compagnie ne possédait pas alors moins de 36 vaisseaux ; mais à cette époque les autres compagnies européennes, engagées comme elle dans le commerce de l’Orient, apportèrent de nombreux obstacles à sa prospérité. Les Portugais, en raison de la priorité de leurs découvertes, s’étaient long-temps arrogé le monopole du commerce par le cap de Bonne-Espérance. Les Hollandais,