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dans ses musettes. Il y a, pour compléter le barda, ce qu’on porte sur son dos.

Le sac, c’est la malle et même c’est l’armoire. Et le vieux soldat connaît l’art de l’agrandir quasi miraculeusement par le placement judicieux de ses objets et provisions de ménage. En plus du bagage réglementaire et obligatoire – les deux boîtes de singe, les douze biscuits, les deux tablettes de café et les deux paquets de potage condensé, le sachet de sucre, le linge d’ordonnance et les brodequins de rechange – nous trouvons bien moyen d’y mettre quelques boîtes de conserves, du tabac, du chocolat, des bougies et des espadrilles, voire du savon, une lampe à alcool, et de l’alcool solidifié et des lainages. Avec la couverture, le couvre-pied, la toile de tente, l’outil portatif, la gamelle et l’ustensile de campement, il grossit, grandit et s’élargit, et devient monumental et écrasant. Et mon voisin dit vrai : chaque fois, quand il arrive à son poste après des kilomètres de route et des kilomètres de boyaux, le poilu se jure bien que, la prochaine fois, il se débarrassera d’un tas de choses et se délivrera un peu les épaules du joug du sac. Mais, chaque fois qu’il se prépare à repartir, il reprend cette même charge épuisante et presque surhumaine ; et il ne la quitte jamais, bien qu’il l’injurie toujours.

— Y a des malins gars qu’ont l’filon, dit Lamuse, et qui trouv’nt l’joint pour coller quéqu’chose dans la voiture de compagnie ou la voiture médicale. J’en connais un qu’a deux liquettes neuves et un can’çou dans la cantine d’un adjupette – mais, tu comprends, t’es tout d’suite deux cent cinquante bonhommes à la compagnie, et l’truc est connu et y en pas besef qui peuv’nt le profiter : surtout des gradés : tant plus i’ sont sous-offs, tant pus i’ sont sucrés pour carrer leur fourbi. Sans compter que l’commandant, i’ visite les voitures, des fois, sans t’avertir et i’ t’fout tes frusques au beau milieu de la route s’il les trouve dans une bagnole où c’est pas vrai : allez partez ! sans compter l’engueulade et la tôle.