Page:Barbusse - L’Enfer.djvu/250

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

soleil est un disque attiédi qu’on peut et qu’on doit regarder… Et au milieu de tout cela, toujours au milieu de tout, l’église.

La sonnerie s’est terminée. Son retentissement de lumière doucement se tait, et l’écho de son écho… Voici une autre sonnerie : l’heure. Huit heures, huit coups sonores, détachés, d’une régularité terrible, d’un calme invincible, simples, simples. On les compte, et lorsqu’ils ont cessé de frapper l’air, on ne peut que les recompter. Le temps qui passe… Le temps informe, et l’effort humain qui le précise et le régularise et en fait comme une œuvre de destinée.

Et je pense à la grande symphonie de ces deux motifs célestes.

Les notes claires sèment de la lumière… Elles sont de plus en plus serrées, et on voit le firmament étoilé se changer en aurore. L’église rayonne de l’ample et fine vibration qui pénètre même les murs ; le décor familier des chambres s’en présente aux yeux plus tendrement, la nature s’en enjolive : la pluie est, sur les feuilles, des perles, et une sorte de mousseline dans le ciel ; le givre met sur les carreaux une broderie qui semble faite par des mains féminines. La sonnerie porte à demi et allège les heures et les jours ; à chaque jour suffit son travail ; lors du renouvellement des saisons, elle fait songer à la façon différente qu’a chacune d’elles d’être bonne ; elle rassure le rêve sur son sort futur ; chacun est content de sa vie, et tout le monde est consolé d’avance.

Après la foule multicolore et diverse dont la