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les regarda pas… Elle ne les cherchait point. Elle n’y voyait jamais de tendresse, — cet aimant de la tendresse, qui mérite si bien son nom ! — et elle s’épargnait de n’y voir que des sentiments sans douceur.

— Comment te trouves-tu ?… — dit madame de Ferjol à Lasthénie, après un instant de silence, et en interrompant de piquer son aiguille dans le linge qu’elle marquait.

— Mieux, — répondit Lasthénie, qui garda son front penché et qui continua de piquer la sienne dans son feston.

Mais des yeux de ce front penché tombèrent perpendiculairement et sans rouler sur le visage deux larmes pesantes, qui mouillèrent les mains et le travail de la jeune fille. Madame de Ferjol, l’aiguille levée, les regarda tomber, — et elle en vit tomber deux autres, plus larges et plus lourdes.

— Alors, pourquoi pleures-tu, car tu pleures ? demanda la mère, d’une voix qui était comme un reproche ou une accusation de pleurer.

Lasthénie, troublée, essuya ses yeux du dos de sa main. Elle était plus pâle que la cendre de ses cheveux.