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que cette tête perdue de Julie la Gamase, comme l’avait appelée la Malgaigne, n’avait osé dire d’injure nettement articulée à Sombreval. Prudence de la lâcheté humaine ! La poitrine de cet homme était trop large pour qu’on le frappât dans cette poitrine : on l’assassinait par le dos.

Mais ce n’était pas la Malgaigne qu’il aperçut sur la route, passant à la tête de l’étang. Ce fut le curé de Néhou qui s’en vint ouvrir la barrière et sonner au perron du Quesnay. Il avait déjà sonné à cette porte depuis qu’elle appartenait à Sombreval. Avant la chute de Néel qui fit accourir au Quesnay le vicomte Éphrem et les Lieusaint, l’abbé Méautis était certainement, — Néel excepté, — le seul homme des dix-sept paroisses environnantes qui eût monté les marches de ce perron où les pauvres mêmes ne s’asseyaient plus ; et il n’y était pas venu seulement dans sa tournée pastorale, cette visite annuelle que tout curé doit à ses ouailles. Il n’y était pas venu uniquement pour Calixte, sa chère pénitente, et pour lui rendre compte des aumônes qu’elle répandait par sa main.

Non, il y était venu pour Sombreval lui-même, — dans un esprit profondément sacerdotal ! Aux yeux du bon pasteur, — pensait-il, — la brebis galeuse ne doit-elle pas être la plus intéressante du troupeau ? Mais sous un pré-