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courait Calixte avait pu tuer, essaya de faire reculer l’heure d’un enterrement devenu nécessaire, et il obtint à force d’insistance le répit d’une demi-journée, mais ce fut tout… Passé ce temps, il fallut procéder aux funérailles de cette jeune fille qui n’aurait pas son père derrière son cercueil. Néel y remplaça Sombreval.

Monsieur de Lieusaint, qui devait à Calixte le mariage de sa fille, le vicomte Éphrem et Bernardine assistèrent à cette cérémonie pendant laquelle Néel s’attendait à tout moment à voir surgir tout à coup Sombreval au milieu de cette église où l’on chantait l’Office des Morts sur son enfant, clouée dans sa bière. Tout le temps que cet office dura, — et sa durée fut courte, car on enterra Calixte vers le soir, — Néel, du fond de l’église, ne cessa d’écouter, à travers les chants des prêtres, si dans les chemins circonvoisins le bruit des pas d’un cheval qui aurait dû être lancé à fond de train n’annonçait pas l’arrivée de ce père affolé de douleur, qui n’était pas là pendant qu’on enterrait sa fille !

Plus l’office s’avançait, plus le sentiment de l’attente s’exaspérait en Néel… Ce jour-là, malgré la saison, le temps était sec, l’horizon clair. De la hauteur où le cimetière de Néhou était situé, Néel, quand il y entra, regarda