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était bien capable de tout, c’t’abbé Sombreval !

La Gamase reprit haleine encore. Sombreval avait levé son houx, puis il en avait abaissé le bout vers la terre, — et regardant la Malgaigne avec le haussement d’épaules d’un homme qui dévore une colère :

— Voilà ce que tu me vaux ! fit-il amèrement. Mais elle, toujours calme :

— Après ? — dit-elle. — J’ai partagé avec toi l’injure qu’elle te jette ; et toi, Jean, tu es un homme. Laisse-la dire. C’est une tête perdue. Méprise-la comme le bruit des Élavares et leur fumée ! Ne la touche pas ! Qu’est-ce que cela te fait ? Ta fille n’entend pas !

— Ah ! reprit Julie la Gamase, que le calme de la Malgaigne irritait comme l’eau irrite l’incendie quand elle ne l’éteint pas, j’sis une tête perdue parce que tu as eu un coup de langue de trop, la Malgaigne ? Eh ! que nenny dà ! je n’l’ai pas perdue, la caboche ! J’entends à cat sans dire minet. C’est té qui l’as crié assassin et effanticide, l’abbé Sombreval, et j’l’soutiendrai par-devant la justice quand il le faudra. Assassin ! assassin ! hurla-t-elle, forçant sa voix exaspérée ; tueux d’effants !

— Oh ! je sais, — fit-elle, se ravisant pour la troisième fois et toujours plus affreuse dans son dernier mouvement que dans les autres, — oh ! je sais à présent les effants qu’il a tués, ton