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bien sûre que monsieur votre père soit sincèrement revenu à Dieu ?

— Oh ! fit-elle.

Elle ne dit que cela. Mais quel beau regard elle lui jeta en même temps que ce cri sublime !

Elle était debout. Elle marcha vivement vers sa chambre, restée ouverte, et, revenant une lettre à la main qu’elle avait trouvée dans l’obscurité :

— Tenez, monsieur ! dit-elle avec une triomphante certitude.

C’était une lettre de l’évêque de Coutances, adressée à elle, Calixte Sombreval ! une lettre dans laquelle l’évêque heureux, le pasteur d’âmes qui a vu revenir au bercail la brebis rebelle, exprimait sa joie de ce retour inespéré. Toutes les mortifications dont le vieux sacristain Voyez-vous-ça avait parlé à Néel, le détail en était au long dans cette lettre. Pour que l’évêque de Coutances se fût décidé à l’écrire à la fille qui était le crime de son père, il fallait, certes, que Sombreval eût exercé une bien grande influence sur l’esprit de l’évêque. Il fallait qu’il eût parlé de la piété de Calixte avec une passion bien irrésistible, et qu’il eût donné les prières de sa fille comme la cause de son repentir.

L’abbé lut. Elle se tenait devant lui, victorieuse.