Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 2.djvu/210

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

temps, qui avait fait pour lui le crépuscule si hâve et la nuit si sombre, quand elle était tombée.

C’était cela bien plus que l’équinoxe et sa furie qui rendait le hurlement du vent si désespéré !… Il pressait son cheval. Il le surmenait, comme un homme qui va à son destin. Et il y allait ! mais comme tous les malheureux qui y vont, — alors il ne s’en doutait pas. Il ne pensait pas alors au genre de glaive qui lui pendait sur la tête, en ces ténèbres toujours croissantes, à travers lesquelles il poussait son cheval, toujours un peu plus… Et ce vent qui lui flagellait la figure et qui, avant de l’atteindre, avait soufflé sur le toit du Quesnay, ne disait rien de cette maison frappée, sur laquelle il avait passé !

Oui ! Elle avait été frappée ! Pendant ces quelques jours de l’absence de Néel, l’abbé Méautis avait enfin parlé. La lutte déchirante qui durait, dans sa conscience, depuis la vision de Calixte, cette scène effrayante dont il avait été témoin, avait fini par le triomphe du prêtre sur les sensibilités de l’homme, par la préférence de l’intérêt surnaturel d’une jeune fille qu’il aimait en Dieu, à son intérêt sur la terre. Un soir qu’elle était venue à l’église de Néhou et qu’il l’avait confessée pour sa communion du lendemain, il vit sans doute, dans l’âme de