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qu’il avait tiré de sa lanterne pour le souffler, et qu’il y replaça, éteint. Puis il ôta à Néel sa calotte, gaufrée et luisante, cette ancienne calotte gallicane, qu’on saisissait délicatement, quand on voulait saluer, par un petit anneau placé au centre et au sommet, et il rentra, clopinant, dans la sacristie, — laissant le jeune homme qu’il ne connaissait pas tout en rêveries sur les choses qu’il lui avait dites du fameux abbé Sombreval.

C’est que ces choses avaient un sens pour Néel qu’elles ne pouvaient avoir pour personne. De quelle lueur ne lui éclairaient-elles pas Sombreval ? Quoi ! Sombreval, dont il savait seul le secret poussait la perfection de l’hypocrisie jusqu’à la sincérité d’une pénitence qui aurait effrayé bien des âmes croyantes et fidèles et qui à la sainteté même eût paru redoutable ? Oui ! c’était lui, Sombreval, qui avait voulu toutes les rigueurs d’un châtiment que l’évêque, plus indulgent, ne lui aurait peut-être pas infligées, car devant l’humiliation de l’aveu et le désir de la réconciliation, l’Église est habituellement miséricordieuse. C’était lui qui l’avait voulue, cette pénitence, et demandée plus publique encore et si dure que l’évêque avait refusé de condescendre à son désir, le temps n’étant plus aux sévérités des premiers âges !