Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 2.djvu/180

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— C’est mademoiselle Sombreval avec qui vous vous promenez ? dit très naturellement monsieur de Lieusaint. Je me rappelle trop son hospitalité pendant que vous étiez blessé au Quesnay pour ne pas la saluer et lui demander de ses nouvelles. On dit qu’elle va mieux.

Et il s’avança vers Calixte, qui se leva et fit quelques pas vers leur groupe, — la seule d’entre tous qui fût calme comme l’Ange blanc de l’innocence, planant au-dessus des nuages de la vie, dans l’inaltérable outre-mer !

— Mademoiselle, — fit monsieur de Lieusaint en s’inclinant, — j’ai appris avec bonheur pour vous la grande résolution de monsieur votre père, dont il est tant parlé dans tout le pays… Je n’ai pas oublié non plus la grâce de votre hospitalité, — et ce vin de Tokay — ajouta-t-il gaiement — que vous nous avez versé à mon compère le vicomte Éphrem et à moi d’une main si charmante ! Eh bien ! mademoiselle, puisque je vous rencontre aujourd’hui, permettez qu’en souvenir de ce vin de Tokay qui valait mieux que tout ce que je puis vous offrir, je vous fasse hommage de notre chasse. Si vous ne retournez pas au Quesnay avec nous qui allons à Néhou, je viderai ma carnassière chez votre fermier Herpin en passant.

Calixte remercia avec cette noblesse qui