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l’église, le lendemain. Quoique Sombreval fût parti, il y avait près de quatre jours, rien n’avait transpiré de son départ dont la cause, dite par le curé en pleine chaire, frappa d’étonnement les paysans comme si la main de Dieu fût sortie visiblement du Tabernacle et eût projeté son ombre gigantesque sur la voûte de leur église. Malgré l’incrédulité à laquelle on était disposé à l’encontre d’un événement aussi peu attendu et avec un homme aussi perdu dans l’opinion que Sombreval, le lieu dans lequel cet événement était annoncé, la bouche qui l’annonçait, tout obligeait à croire… et les plus têtus baissèrent la tête, au lieu de la branler aux paroles de joie et de réconciliation que prononça l’abbé Méautis !

Avec l’adresse d’un homme qui sait comment se manient les âmes, l’abbé, ce jour-là, commença le travail qu’il avait promis à Sombreval de faire sur l’opinion, dans l’intérêt de Calixte, la calomniée. Il dit que les vertus de la fille, qui ne l’avaient pas toujours défendue contre des pensées et des paroles outrageantes, mais qu’il avait, lui, plus qu’un autre, pu apprécier, avaient enfin obtenu de Dieu pour son père la grâce d’une conversion qui devait remplacer par l’édification un grand scandale… Il ne pesa pas sur cette première impression… Il savait que ce premier coup dans les esprits devait