Page:Barbey d’Aurevilly - Un prêtre marié, Lemerre, 1881, tome 2.djvu/109

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

terrifiante, jusqu’au moment où, selon eux, Sombreval forçait la flamme de l’existence à revenir dans ce corps qu’elle avait abandonné.

Hélas ! Néel ne pouvait pas s’abuser sur le pouvoir surnaturel de ce père attelé, depuis tant d’années, à l’idée de trouver une combinaison de substances qui devait guérir son enfant, et qui ne la trouvait pas, malgré son génie ! Il avait vu Sombreval auprès de ce lit où gisait cette malade qui impatientait et humiliait une science colossale pourtant. Il se rappelait qu’il l’avait vu désarmé et impuissant contre ces évanouissements tenaces, qui duraient quelquefois plusieurs jours, et qu’il fallait seulement surveiller. Ils étaient suivis, en effet, d’actes somnambuliques dont le réveil soudain pouvait être extrêmement dangereux.

Calixte ne sortait jamais de sa rigidité cataleptique pour rentrer, de plain-pied, dans la vie normale. Elle passait toujours par un état de somnambulisme intermédiaire, plus effrayant que la catalepsie elle-même, car la catalepsie figure tout simplement la mort, qui est un phénomène naturel, tandis que le somnambulisme, où la mort présente tous les caractères de la vie et même d’une vie supérieure, est le renversement de tous les phénomènes naturels, du moins de ceux-là que nous connaissons.

Une fois tombée en somnambulisme, Calixte