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Et elle descendit les degrés et s’en alla de son grand pas lent. Elle avait fini ce qu’elle avait à dire, et ce pourquoi elle était venue, solennelle comme un avertissement de Dieu ! Et Néel, troublé au plus intime de son être, resta là, un instant, à ce seuil par lequel il se précipitait d’ordinaire, hésitant d’entrer pour la première fois, quand sa Calixte, sa chère Calixte l’attendait !

Il essaya de reprendre l’empire de son âme, puis il ouvrit la porte vitrée du salon et entra dans le vestibule. Le bruit de ses pas sur la dalle marbrée fit venir Pépé, le noir, qui l’éclaira et le conduisit à sa jeune maîtresse.

Avertie, elle vint à lui du fond de cette chambre virginale où une fois il était entré et avait prié avec elle, mais où, à cette heure, la délicate enfant ne le reçut pas. Elle vint à lui dans le salon, tenant à la main une petite lampe de lave qu’elle avait rapportée d’Italie, et qui, l’entourant d’un jour lacté, coulait de molles lueurs d’argent dans l’or de ses cheveux.

— C’est vous, Néel ! et même plus tôt que je ne croyais, dit-elle. Merci d’être revenu si vite ! Dites-moi où vous l’avez laissé et les derniers mots qu’il vous a dits pour sa pauvre solitaire… maintenant.

— Je l’ai conduit jusqu’au-dessus de la