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Roland à Roncevaux. M. Amédée Pommier, l’auteur des Crâneries, des Assassins, des Océanides, du Livre de sang, des Fantaisies, et qui n’a pas eu peur (il n’a peur de rien, et il a raison !) d’écrire un poëme intitulé L’Enfer après le poëme terrassant du Dante, M. Amédée Pommier fera obstacle involontairement de sa réputation acquise à tout homme du même nom que lui et qui débutera dans les lettres. M. Armand Pommier, l’auteur de La Dame au manteau rouge, dont il va être question aujourd’hui, n’est pas un débutant littéraire ; mais, sauf erreur, c’est encore un nouveau venu. Il a déjà publié un roman intitulé La Benjamine. Il a beaucoup de chaleur dans l’esprit et dans l’expression. Il se préoccupe de la manière d’écrire, et je lui crois une grande culture intellectuelle. Qui sait même s’il n’en a pas trop ? Il en montre trop… du moins… Quand ce qu’il sait par les livres pèsera un peu moins sur sa pensée, peut-être deviendra-t-il un observateur et un inventeur comme il faut l’être, quand on aborde le roman, notre dernière ressource de rajeunissement dans la décrépitude, où nous voilà, de toutes les formes dramatiques et littéraires !

Le roman qu’il publie aujourd’hui, et qu’il intitule aussi « une histoire dalmate », rappelle par le titre le livre vanté, beaucoup trop vanté, selon moi : la Femme en blanc, de Collins. La Dame au manteau rouge, comme la Femme en blanc, est un titre sans idée, un titre tout physique. Pourquoi pas La Dame en bleu, La Dame en jaune, La Dame aux bottines hortensia, à la sous-jupe rose ? On pourrait aller loin comme cela ! Tout titre doit faire rayonner l’idée du livre qu’il exprime, à moins que, comme Clarisse et tant d’autres chefs-d’